Vernissage Baigneuse
C'est
avec beaucoup de bonheur que je vous présente Baigneuse, une
série de toiles qui me tient tout particulièrement à cœur,
surtout par le traitement qui lui a été apporté après la
réalisation proprement dite de ces œuvres. Voyez les prendre vie,
coup de pinceau par coup de pinceau et s'animer devant vos yeux. Une
toute nouvelle façon de regarder ces tableaux, ces femmes, ces
baigneuses.
Démarche
artistique
« Il
faut regarder toute la vie avec des yeux d’enfants. »
Cette citation d’Henri Matisse cristallise bien l’essence –
l’intention et le processus – de ma démarche artistique. Déjà,
enfant, c’est par la peinture et le dessin que je communiquais et
exprimais mes émotions et mon expérience.
Depuis
ma formation aux Beaux-Arts, je n’ai jamais cédé à l’appel
d’une école ou d’un courant artistique, leur préférant plutôt
celui, autrement plus exigeant, de l’instinct et de la liberté.
Consciente de mes influences – des éléments de Matisse, quelques
éclats fauves, des accents naïfs, des gestes empruntés aux
expressionnistes –, je trace ma propre voie.
À
contre-courant dans une époque qui célèbre l’éphémère, je
tente d’inscrire l’espace pictural dans une modernité porteuse
de sens. Convaincue qu’une œuvre ne prend vie qu’à partir du
moment où elle existe pour quelqu’un, j’ai graduellement fait
évoluer ma pratique de l’abstrait vers le figuratif. Mon intention
est de créer dans chaque toile un univers avec lequel les gens
peuvent entrer en relation. L’œuvre devient alors le trait d’union
– un espace-temps d’échange et de communication – entre le
regardeur et moi.
Les
personnages, les femmes en particulier, sont mes sujets de
prédilection. Dans mes toiles, les personnages ne posent
pas, ils vivent.
Mon approche s’apparente à un apprivoisement : il s’agit
d’avancer, patiemment et avec humilité, pour mériter leur
confiance.
Je
travaille de façon intuitive, m’élance sur le fil ténu d’un
art qui se veut communicatif, mais sans bavardage inutile. Les
couleurs et les textures se conjuguent dans l’instant pour capturer
l’émotion. J’utilise des lignes organiques, des courbes
généreuses et enveloppantes, vibrantes, mouvantes, sans détails
superflus. Je favorise les étendues de lumière, les contrastes de
couleurs opposées, la virulence des gestes saccadés qui viennent
triturer la matière et construire vigoureusement l’espace.
Au
cours des dernières années, j’ai été fortement influencée par
la poésie et son bassin d’images. Au contact de poèmes de Paul
Chanel Malenfant puis de Gilles Vigneault, j’ai réalisé deux
séries d’œuvres qui m’ont amenée à intérioriser et à
traduire à ma façon l’univers lyrique des poètes.
Ma
quête continuelle de ce qui constitue l’essence de mes personnages
– leur âme – est le fil conducteur de ma pratique. Mon
exploration du corps, des courbes, du mouvement, m’a menée vers la
sculpture, nouveau jalon dans mon travail.
Le
projet sculptural « Arrêt du temps » (titre inspiré de
l’artiste Pierre Bonnard, qui décrivait en ces termes l’œuvre
d’art) me permet de repousser les limites de mon exploration du
corps en créant onze baigneuses. Faites d’argile, de petit format
et de rendu brut, mes sculptures revisitent un thème classique, que
je m’approprie en proposant des femmes rondes, réelles, loin des
standards plastiques actuels. J’ose les textures et les aspérités,
qui amplifient la forme et la courbe. L’ajout d’une troisième
dimension me ramène à l’essentiel, tout en me menant vers une
compréhension renouvelée du corps.
